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 Stannis - Béziers, récit personnel de la bataille.

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Stannis

Stannis


Nombre de messages : 414
Date d'inscription : 12/09/2007

Stannis - Béziers, récit personnel de la bataille. Empty
MessageSujet: Stannis - Béziers, récit personnel de la bataille.   Stannis - Béziers, récit personnel de la bataille. Icon_minitimeMar 6 Nov - 18:14

Béziers.
L'odeur de la fumée surpasse tout. Une fumée âcre, piquante, qui vous prend à la gorge.
Je suis au pied de la tour, en train de tirer sur les cordages, et je dois respirer cet air vicié, corrompu comme l'âme des hérétiques qui nous attendent, là haut, sur le rempart d'où je peux déjà les voir. Ils rient de nous voir peiner ainsi à la tâche comme le dernier des serfs. Puissent-ils s'étouffer sur leurs rires !
Le terrain est inégal, et parsemé de chausse-trappes. Les éclaireurs ont déplanté les pieux, mais se sont révélés incapables de désamorcer tant de pièges. De tous côtés, mes frères d'armes tombent sous les carreaux venus du rempart, et chacun des tireurs sait que le prochain peut être lui. Les pertes ne sont cependant pas si lourdes, et l'on parvient à approcher du rempart, les tireurs semblent se désintéresser de nous à mesure que nous approchons. Etrange.

Et enfin la tour arrive auprès du rempart. La taille est bonne, les ingénieurs ne se sont pas trompés. Enfin une bonne nouvelle dans cette journée jusqu'ici glauque au possible. Alors que je me recule pour prendre place dans la file, attendant de prendre pied sur cette damnée muraille, j'entends les cliquetis d'armes et les cris des combattants qui sont déjà au-dessus de moi, qui se sont vu épargner la traction de cette fichue tour.
Le temps passe, la file avance. Et soudain mon tour vient. Je m'élance sur le frêle ponton de bois, et manque en chuter lorsqu'un trait perce ma cuisse, me déstabilisant. Arbalétriers de malheur... A peine ai-je le temps de briser la hampe de carreau qu'un colosse armé d'une énorme Lochabre se jette sur moi, et ses coups sourds ébranlent le bois de mon bouclier, je me retrouve adossé au rempart, peinant à faire face. Soudain, alors que je m'apprêtais à enfin contre-attaquer, un nouveau groupe d'hommes sortis de la tour s'interpose, et je suis isolé de tout combat pour un temps, le temps qu'un de mes frères tombe. Cruelle attente... Espoir du combat, crainte de la perte.

Soudain l'un des meneurs encapuchonnés brise la ligne, se jouant des guerriers comme de fétus de paille, deux tombent du rempart sous la poussée soudaine du rang de défenseurs tandis qu'il en embroche un de sa lame, et se jette dans l’ouverture de la tour, menaçant de couper le rempart des ses renforts, et condamnant les combattants alliés à une lente asphyxie, faute d’être suppléés. Je me jette alors à sa suite.
Pure bravade, je le provoque. Il est trop tard, le plateau est vide, ne reste que lui. Et moi. Dans mon dos, les arbalétriers ne sauraient manquer pareille cible, je les entends d’ici ricaner.
Il me salue. Et là je vois qu’il s’est saisi d’un bouclier à nos couleurs. Le fourbe. Mais il se trompait, s’il pensait que j’allais hésiter à entailler pareil symbole. "Musique", crie-t-il... Le fou. Je me bats contre un fou. Et cette arme qui semble peser un quintal... Trop lourde pour moi, comme l'armure était trop légère. La cuisse blessée s'avère incapable de supporter mon poids, je manque m'effondrer et me rattrape de justesse à un cordage tranché, un de ceux qui tenaient le ponton debout. Enfin je suis dos aux planches, mais à la merci de l'encapuchonné, prêt à en finir.

Un miracle.
Un homme d'Eglise a gravi les degrés de la tour, et défie la statue de bure qui me fait face. Celui-ci se détourne, projette l'archidiacre dans les hommes qui se relevaient tout juste. Dommage, les renforts attendront. Mais ce faisant, l'homme au masque m'a tourné le dos, ne reste plus qu'à frapper... La cible est tentante, immanquable. Je me jette en avant, prêt à lui plonger la pointe de la lame dans la nuque, quand un vibrement dans l'air me fait me retenir... Ce réflexe vient de me sauver la vie, le carreau a frôlé mes sourcils, et creusé un mincesillon à travers mon front, le long duquel jaillit le sang. Peste, une occasion pareille ne se reproduira pas... A peine ai-je le temps d'essuyer du revers de la manche ce jet écarlate que l'autre se retourne.
Plus le temps de penser. je me jette en avant, la lame pointée au jugé, le bouclier fermement tendu devant moi, les épaules raidies par la crainte d'une décoration emplumée venant se ficher en leur centre. le choc est rude, et j'entends sa mâchoire claquer, le sang coule au bas de son masque. Ou est-ce le mien?
Nous basculons ensemble, entrelacés, et retombons au niveau inférieur de la tour de siège. Un instant de désordre dans la mélodie de l'encapuchonné, un instant de panique pour moi. Chacun reprend ses appuis au plus vite. Et cette fichue tour qui semble vide... Bon sang, où sont passés ces? Pas le temps de penser, la danse macabre reprend. Tout va si vite, trop vite, sa lame passe comme guidée par quelque sortilège le long de mon bras, l'entaillant au passage. L'épée semble gagner vingt livres. Lors de la croisée de fer suivante, il écarte sans effort apparent mon faible ardillon, pour asséner un violent coup vers ma poitrine, que le bouclier arrête à grand peine, avant de céder dans un funèbre craquement. Planche désormais sans usage, je la jette vers l'homme pour un souffle de répit, et saisit un carreau égaré de la main gauche.

Avant d'avoir rétabli ma garde, il est sur moi, à nouveau, et se saisit de mon poignet, le tordant jusqu'à ce que la lame chute au sol, sur un bruit mat. La pointe du trait ramassé parvient cependant à se frayer un chemin jusqu'à l'épaule du Prince d'Orgueil, avant qu'il me rejette dédaigneusement au sol, sa lame décrivant un arc de cercle parfait dans l'air, sifflement divin précédent une atroce douleur. Je ressens la morsure du fer froid dans la jambe, le jarret est tranché net.
Et au-dessus de moi, Belial l'encapuchonné redresse sa lame...
Je vois le coup de grâce venir. Je tremble, j'ai peur, je ne veux pas mourir, pas encore.
La lame s'abat, dans un éclat de rire sardonique.
Ce n'est pas une gorge qu'elle tranche, pas la moindre chair.
Elle sectionne ma chevelure, y laissant une traînée de sang. il m'a a sa merci, peut me tuer quand il le veut, et celà lui suffit. Il m'a battu, aisément, comme on se joue d'un enfant... Je ne représente aucun danger pour lui, je ne vaux pas cet effort si minime.
Et, ramassant une de mes mèches, je le vois partir d'un pas léger, je le devine souriant. Je le hais. Je le hais et l'envie, pour sa maîtrise si parfaite, pour son élégance.
J'en pleure, j'en rage.
Et alors, la colère et la haine s'effaçant, je vois que ce que j'ai fait n'était pas le Bien, je me suis battu pour moi et non pour les autres. Orgueil, moi aussi. Et alors je me mets à prier.
Le temps arrête son cours, il n'a plus d'emprise sur moi.
Et après un instant d'éternité, on m'agrippe aux aisselles, on me parle, je réponds machinalement. on fourre quelque plante médicinale dans ma bouche, je mâche sans discuter, et me laisse porter. On me ramène vers le camp, ce calvaire va prendre fin.
Et alors je revois la lumière du crépuscule, et je comprends qu'on ne m'a pas emmené vers l'arrière, mais qu'on me porte vers le front. Les fous. Les fous. Folie que de choisir d'ôter des vies avant d'en sauver. Folie que tout ceci. Adossé au rempart, je n'ai plus désormais qu'à attendre.
Ce qui semble être des heures plus tard, la nuit est tombée désormais, le Capitaine Lamis revient me chercher. Semi-conscient, je me rends compte qu'il me porte, conjointement avec un autre homme, et me transporte cette fois vers l'arrière.

J'ai perdu connaissance, je me réveille sur la plaine faisant face à la ville. Je suis au milieu de rangs entiers de blessés, et alors je les entends. Les trompes. Et, brisant l'obscurité, Lancelote avance à la tête de ses troupes survivantes. La plupart semblent encore indemnes, mais leurs rangs sont plus clairsemés qu'à leur venue, à ce qu'il semble.
A peine relevé, il sentait la tête lui tourner, et observa à travers un brouillard la baronne de Castelnau de Bonnefonds s'avancer au-devant du Grand Maistre.
Celui-ci lui intime sur un ton peremptoire l'ordre de s'agenouiller... En quoi a-t-elle donc fauté? Le trouble se lit sur son visage. Au-dessus d'elle, le Grand maistre Denys reprend la parole.
Et tout s'éclaire soudain.
Chevalier.
Ce mot éclate dans mon esprit, supplantant tout autre.
Comment décrire cet instant... La solennité, les vivats après que le serment eut été dûment prêté?
Rien de tout cela ne saurait transcire l'émotion qui empoignait tous les coeurs lorsque Lancelote se releva, Chevalier de Nagan.

Que tous sachent désormais que pour la défense du Roy se dresse un nouveau chevalier, et que ses ennemis le craignent.

Pour le Roy et pour l'Ordre, à jamais.
Stannis, annaliste.
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